En injectant directement l’anesthésique au sein de l’os spongieux, les techniques diploïques permettent l’obtention d’une anesthésie immédiate, efficace, sans suite opératoire pour le patient et ne nécessitant que de faibles quantités.
De nombreux praticiens hésitent à utiliser les techniques d’anesthésie diploïque en implantologie, de crainte que l’implant ne « baigne » dans l’anesthésique. Or, c’est oublier que dans toute technique (hormis les anesthésies loco-régionales), c’est la diffusion de l’anesthésique au sein de l’os spongieux qui permet l’obtention d’un silence clinique. En injectant directement l’anesthésique au sein de l’os spongieux, les techniques diploïques permettent l’obtention d’une anesthésie immédiate, effi cace et sans suite opératoire pour le patient, pour une faible quantité injectée.La reprise de l’anesthésique par les canaux de Wolkmann va également permettre l’anesthésie de la muqueuse attachée, autorisant dans les cas simples de ne pas avoir recours à un complément vestibulaire ou lingual, sauf en cas d’intervention longue où l’on recherche une anesthésie prolongée afi n de permettre de suturer sans entraîner de sensibilité. Si un lambeau est nécessaire, il convient alors de réaliser en plus une anesthésie classique en muqueuse lâche.
Cas clinique n°1
EXTRACTION ET IMPLANTATION D’UNE CANINE MANDIBULAIRE
L’anesthésie muqueuse est un préalable indispensable pour assurer une anesthésie indolore ; (Fig.1). Dans ce cas, une anesthésie ostéocentrale est réalisée, le point de départ étant situé au niveau supérieur de la papille interdentaire proximale de la dent à extraire. Le biseau de l’aiguille bien à plat sur la muqueuse, la prise stylo autorisant une précision et une stabilité sans égales, l’injection contrôlée par électronique permet une diffusion de l’anesthésique au goutte à goutte, assurant ainsi une absence de douleur. Après anesthésie de la muqueuse en regard du point de perforation, le corps de la seringue est dirigé de façon à ce que l’aiguille puisse descendre entre les dents au plus près de l’apex de la canine ; (Fig.2). La rotation de l’aiguille, qui agit tel un foret, lui permet de descendre dans le tissu spongieux sans aucune douleur pour le patient ; (Fig.3). L’injection d’une demi-cartouche d’articaïne adrénalinée au 1 / 100 000e assure tout à la fois l’anesthésie du tissu osseux et de la muqueuse attachée, tant vestibulaire que linguale. Dès la fin de l’anesthésie, la réalisation de l’incision intra-sulculaire préalable à l’avulsion est rendue possible sans aucun besoin de complément vestibulaire ou lingual ; (Fig.4).
L’extraction de la canine était nécessaire du fait d’une résorption radiculaire linguale sous-gingivale très importante, passée inaperçue à la radio rétro-alvéolaire, mais évidente à la radio 3D ; (Fig.5). Le passage des forets de diamètres croissants est réalisé après curetage minutieux de l’alvéole ; (Fig.6).
Mise en place d’un implant (Anthogyr Axiom regular) de diamètre 3.4 et de longueur 14 mm ; (Fig.7). L’espace vide entre l’implant et la corticale vestibulaire est trop important pour permettre une ré-ossifi cation spontanée ; (Fig.8). Un comblement par matériau synthétique est donc réalisé. Après comblement et mise en place d’une vis de cicatrisation de diamètre 4 et de hauteur 1 mm, la
muqueuse est suturée par points séparés afi n de maintenir le matériau de comblement ; (Fig.9). La patiente n’a eu aucune douleur, elle n’est pas « empâtée » et n’a ni engourdissement désagréable des tissus mous ni risque de morsure.
Cas clinique n°2
ANESTHÉSIE DIPLOÏQUE ET IMPLANTATION 15 ET 16
Le secteur édenté ; (Fig.10), va permettre la réalisation d’une anesthésie transcorticale avec un point d’injection qui sera idéalement situé au milieu de l’espace à implanter, l’anesthésique diffusant de part et d’autre. Le cas étant simple, une demi-cartouche d’articaïne à 1 / 100 000 d’adrénaline sera suffisant. Elle sera complétée par un quart de cartouche au niveau de la muqueuse attachée
afin d’assurer le silence clinique lors de la suture, le temps nécessaire à la pose des implants étant plus important que dans le cas précédent ; (Fig.11). Le fait de travailler sur un secteur édenté assez étendu offre plus de liberté dans le choix du point de perforation et de l’angulation que dans le cas n°1, toute la crête édentée s’offrant au praticien qui adaptera la technique en fonction de ses habitudes de placement, de l’ouverture e buccale, etc. Il faut toutefois penser que l’anesthésique va diffuser dans un espace plus volumineux que précédemment, aucune racine dentaire n’étant présente pour le limiter en distal de la prémolaire et il convient donc d’adapter la quantité délivrée au volume dans lequel l’injection est réalisée et à la durée prévue du geste. Ces considérations prises en compte, l’anesthésique va là encore diffuser spontanément depuis l’intérieur de l’os spongieux vers les muqueuses vestibulaire et palatine, permettant de ne pas avoir à effectuer de rappel à leur niveau, ou de n’injecter qu’une faible quantité d’anesthésique en fonction de la durée prévisible de l’intervention. La technique diploïque offre un intérêt upplémentaire en cas d’élévation de lambeau ; (Fig.12 à 14).
Si un complément anesthésique s’avérait nécessaire pour quelque raison que ce soit, il serait en effet très facile de renouveler l’injection directement en endo-osseux. Ces considérations prises en compte, l’anesthésique va là encore diffuser spontanément depuis l’intérieur de l’os spongieux vers les muqueuses vestibulaire et palatine, permettant de ne pas avoir à effectuer de rappel
à leur niveau.
Cas clinique n°3
EXTRACTION-IMPLANTATION 22 ET CURETAGE APICAL 21
Le point d’injection choisi se situe au niveau de la papille inter-dentaire entre 22 et 23, l’intervention n’ayant été programmée initialement que pour l’extraction de 22 et la pose de l’implant ; (Fig.15 et 16). Nous procédons à la pénétration dans le diploé et à l’injection d’une demi-cartouche d’articaïne adrénalinée au 1 / 100 000e pour permettrel’extraction de la 22 et la pose de l’implant ; (Fig.17). Un lambeau vestibulaire étant nécessaire pour le curetage et la résection apicale de 11, fi nalement à réaliser, un complément de la même spécialité sera injecté en muqueuse
lâche en regard de 21 et 22.
En sus de la lésion apicale de 11, une perforation de la corticale vestibulaire apparaît en regard de l’apex de 22, liée à la position de celui-ci au sein du maxillaire ; (Fig.18). Nous procédons à l’implantation de la 22 (implant Anthogyr Axiom Px 3.4 x 16) et au comblement de la cavité kystique de 11 après résection apicale et obturation à rétro ainsi que de la déhiscence en regard de l’apex de 22 et de l’espace libre entre la corticale vestibulaire et l’implant ; (Fig.19). Un matériau synthétique est utilisé en association avec le peu d’os collecté lors du forage et de PRF ; (Fig.20).
Le PRF est utilisé en mélange avec le matériau synthétique (Mbcp Biomatlante) et en membrane de recouvrement sous le lambeau avant son repositionnement ; (Fig.21).
LoremIdit illuptat molestis aut que sit arum in pe non enectiore incitatum
Une technique particulièrement adaptée
Ces cas résument le quotidien d’une activité de chirurgie: extractions, implantations, curetages, secteurs dentés ou édentés, maxillaires ou mandibulaires. À chaque fois, l’anesthésie diploïque va permettre d’obtenir un silence clinique de qualité, sans douleur ni effet secondaire notable pour le patient, tout en ne nécessitant que de faibles quantités d’anesthésiques, largement en deçà des seuils de toxicité. De plus, les diverses spécialités à notre disposition aujourd’hui assurent de pouvoir utiliser le produit le plus adapté pour chaque intervention en toute sécurité. Ainsi l’anesthésie diploïque est-elle à mon sens une technique particulièrement adaptée à la pratique de la chirurgie et de l’implantologie.